''Les filles, je veux que vous soyez gentilles avec votre cousine, c'est bien compris?'' Ce furent les premiers mots prononcés par mon oncle, alors que je franchissait le seuil de sa demeure. Je ne le connaissais pas, tout comme mes cousines et ma tante. Si ce n'était pas de ce fichu bout de papier, je ne les aurais probablement jamais rencontrés.
''Kalee chérie, viens ici, je vais te montrer ta chambre.'' Ma supposée tante me tendit la main, je je refusai d'un signe du menton, avant de marcher droit devant moi, la laissant me suivre. Elle ne rechigna pas, se disant sûrement que je devais souffrir et donc, que je méritais bien un petit traitement de faveur en ne me grondant pas pour ma suffisance. Il faut dire que je n'avais que sept ans, ce qui devait probablement aider ma cause aussi. Pour être tout à fait honnête avec vous, je n'étais pas triste. J'étais agacée par la situation. Tout le monde me regardait comme si j'étais une lépreuse, et ça, j'avais bien du mal à le supporter. Il y avait de cela trois jours, mes parents étaient morts dans un accident de voiture, me laissant seule. Sur leur testament était stipulé que le frère de mon père héritait de moi, et il faisait comme si cette idée l'enchantait, mais je savais bien que c'était faux. Après tout, nous ne nous connaissions pas du tout. C'était juste qu'il était trop prétentieux pour admettre qu'il ne me voulait pas et voulait avoir l'air du bon samaritain qui me prenait sous son toit.
Une semaine après mon arrivée, je savais déjà que j'allais m'amuser à faire suer mes cousines, qui étaient bien trop parfaites à mon goût. Bien élevées, elles écoutaient tout ce que leurs parents leur disait et ne rouspétait jamais, contrairement à moi. Elles me jaugeait du regard comme si j'étais une espèce d'extraterrestre et ça m'allait. J'arriverais bien à me faire respecter d'elles. Ce n'était que pure jalousie de toute manière, puisqu'elles rageaient depuis que mon oncle m'avait acheté un chien, pour me ''consoler'' d'avoir perdu mes parents. Si au départ j'étais fâchée et j'ai essayé de le noyer dans le bain, j'ai vite compris que je pouvais m'en servir pour faire jalouser encore plus ces deux petites pestes.
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''Comment t'as pu me faire un truc pareil?'' Elle pleurnichait, reniflait et essayait de garder contenance, mais c'était peine perdue. Les yeux mouillé et le maquillage dégoulinant peu élégamment sur ses joues, elle ressemblait à une pauvre fille. Le genre de nana dont on écrit le nom dans les cabines des toilettes publiques.
''Je croyais qu'on était amies toutes les deux.'' Les deux yeux levés dans les airs, je me demandais quand elle cesserait de jouer à la pauvre petite victime sans défense. Elle l'avait vu venir, elle m'avait même encouragé à faire pareil avec d'autres. Dire maintenant que j'étais un genre de monstre ou une traitresse, c'était un peu exagéré quand même. Non en fait, elle était juste jalouse.
''Je ne compte donc pas du tout pour toi? Tous les secrets qu'on s'est raconté, toutes nos confidences, les histoires qu'on partage?'' J'avais juste envie de la secouer un grand coup pour lui faire comprendre qu'elle était bien trop naïve, mais elle ne méritait même pas cette attention. Après avoir attendu quelques secondes qu'elle cesse de renifler devant mon visage, je lui ai finalement répondu, bien que je me doutais que ma réponse n'allait pas lui plaire. Si elle attendait des excuses de ma part, ce n'était même pas la peine d'en rêver.
''Tu penses vraiment que j'ai quelque chose à faire de toi? T'es bien trop prétentieuse ma grande. T'es rien, que de la bouse de vache qui m'a distraite un moment, c'est tout.'' Moi avoir une meilleure amie? Et puis quoi encore? Elle pensait qu'on se parlerait jusqu'à ce qu'on soit vieilles et qu'on jouerait ensuite aux cartes ensemble? Comme elle était ridicule en ce moment!
''Tu commences à ma souler là alors je vais simplement me retourner et repartir. Et puis ferme-la, tu m'énerves à essayer de te faire plaindre.'' Je me suis alors retournée, suivant au mot près ce que je venais tout juste de dire, alors qu'elle me regardait partir avec la bouche grande ouverte, n'en revenant sûrement pas de ma supposée méchanceté. Qu'on se comprenne bien: Je ne suis pas la méchante de l'histoire.
Oui, j'ai couché avec son copain, mais pour ma défense, c'était un très mauvais coup.... Qu'elle voit cela comme une trahison quelconque, ça ne me regarde pas et je n'ai pas à écouter son jugement. Oui, on se connait depuis qu'on est gamines, mais non, ce n'est pas vraiment mon amie. En fait, je la déteste, je l'ai toujours détesté. J'attendais juste de lui avoir tout pris avant de le lui dire en face. Voyez cela comme vous le voulez, moi je trouve que c'est une stratégie gagnante! De toute manière, ce n'est pas la seule cocue de ce monde, croyez-moi..... je les connais presque toutes... Un homme en couple est bien plus intéressant qu'un homme libre. Qui était dont cette fille au juste? Ma cousine, bien sûr...
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''Arrête de m'appeler, ça devient ridicule...'' Prenant mon jeans qui trônait par terre comme un vieux déchet, je l'ai enfilé tout en prononçant cette remontrance. Le silence qui suivit ma demande fut assez éloquente: je savais qu'il n'était guerre enchanté que je lui dicte quoi faire et encore moins que je lui ordonne de ne plus me téléphoner, ce qu'il faisait depuis que je partageais son lit.
''On est pas un couple, et je suis pas ta chérie. T'as pas à prendre de mes nouvelles sans arrêt, c'est vraiment chiant. '' Ne pouvait-il pas seulement se contenter de ce qu'il avait et laisser les choses comme elles étaient? Depuis quelques mois, nous nous voyions en cachette et finissions nos rencontres au pieu. C'était un bel homme, mais il était un peu trop fleur bleue pour moi. Enfin, peut-être n'était-ce pas le mot juste, mais il s'attendait manifestement à plus alors que j'avais été très claire avec lui: on était pas ensemble. On couchait ensemble, nuance. Il faut dire que c'était le fiancé de ma meilleure amie.... enfin d'une fille que je connais depuis longtemps. Qu'elle l'apprenne ne me dérange pas, mais c'était tout autre pour lui. Il ne voulait pas mettre fin à sa relation avec elle. Soit, c'était ses ognons et je me fichais pas mal de sa vie, mais le fait qu'il commence à vouloir faire des activités avec moi et à prendre de mes nouvelles tout le temps.... ça me perturbait un peu.
''Et si...'' Je ne l'ai pas laissé terminer, levant la main devant lui pour lui faire comprendre que je ne voulais rien entendre.
''Y'a pas de ''Et si....'' C'est non, point barre!'' Jamais je n'allais l'avouer, mais ce mec, je l'avais dans la peau. Non seulement il était beau comme un dieu, mais il était surement l'une des seules personnes sur terre que je supportais un peu.
''Bonne nuit...'' Je me suis aussitôt levée et l'ai quitté, le laissant seul dans sa chambre à coucher alors que je sortais de son appartement. Pourquoi ne pas juste admettre que je ressentais quelque chose pour lui? Parce que c'était une faiblesse, mais aussi parce que j'avais trop peur qu'il ne quitte jamais sa copine pour moi.... peut-être qu'en lui faisant comprendre que son petit ami la trompe....